Dr Laurent Groc, lauréat du Prix Marcel Dassault 2015 pour la recherche sur les maladies mentales

, par  Véronique R. , popularité : 3%

La psychiatrie est le parent pauvre de la recherche médicale, alors même que les maladies mentales sont extrêmement répandues - un Français sur 5 sera concerné au cours de l’année. En réaction à cette sous-dotation, le prix Marcel Dassault récompense chaque année depuis 4 ans deux chercheurs pour leurs travaux prometteurs dans ce domaine.
Les prix Marcel Dassault ont récompensé lundi des recherches sur les maladies mentales.

Pour l’édition 2015, la Fondation fondaMental, réseau de coopération scientifique qui élit les gagnants en s’appuyant sur un jury international, a décerné hier le prix du « projet innovant » à Laurent Groc, directeur de recherche CNRS à l’Institut interdisciplinaire de neurosciences (Université de Bordeaux).

Des décennies de recherche scientifique ont révélé que la genèse de ces maladies complexes repose sur plusieurs facteurs convergents, parmi lesquels des altérations génétiques et une susceptibilité à des agents environnementaux modifiant notamment le statut immunitaire.
A cet égard, le rôle d’un dysfonctionnement auto-immunitaire dans l’apparition de troubles psychiatriques a été documenté au cours du siècle précédent, proposant notamment que des agents infectieux serviraient de déclencheurs de l’auto-immunité (fonctionnement anormal de l’organisme, au cours duquel le patient doit lutter lui-même contre ses propres défenses immunitaires) dans ces pathologies.

Les récents travaux menés par l’équipe de Laurent Groc s’inscrivent dans le prolongement de ces recherches et ont permis la découverte d’auto-anticorps dirigés contre le récepteur neuronal NMDA chez des patients souffrant d’encéphalites et dont les premiers symptômes sont des désordres psychotiques majeurs (délires et retrait social). Cette découverte a permis d’établir un lien causal entre la présence de ces auto-anticorps et l’apparition de troubles psychotiques.

Le Pr Philip Gorwood a reçu le prix du chercheur de l’année et Laurent Groc (à droite), directeur de recherche au CNRS, le prix du « projet innovant ».


Le but du projet de recherche innovant soutenu par le Prix Marcel Dassault est de combiner des expertises fondamentales et cliniques afin d’identifier, chez des patients schizophrènes, la présence de molécules issues d’une altération du système immunitaire et de caractériser l’impact de ces molécules sur les cibles neuronales impliquées dans la pathologie. Il vise à explorer le mécanisme d’action d’un dérèglement immunitaire chez des patients schizophrènes et ses conséquences thérapeutiques.

Le prix Dassault (230.000 euros) permettra donc de poursuivre les recherches dans deux directions : mettre au point une méthode de diagnostic rapide pour identifier les malades concernés, et mieux comprendre le mécanisme d’action de ces auto-anticorps, avec en ligne de mire, « à court terme », l’expérimentation sur des patients de différentes immunothérapies déjà prescrites dans d’autres pathologies. « Un petit essai clinique avec un immunosuppresseur a déjà montré des résultats spectaculaires », indique Laurent Groc, précisant que ces travaux d’une équipe britannique n’ont pas encore été publiés.

Le Lauréat du Prix Marcel Dassault 2015, catégorie "Chercheur de l’année" (15.000 euros) a été attribué au Pr Philip Gorwood (hôpital Sainte-Anne, Paris) pour ses travaux sur l’identification de la vulnérabilité génétique aux addictions. « Les addictions sont une maladie du cerveau », a-t-il rappelé. Ses recherches ont permis d’identifier des marqueurs génétiques qui augmentent de 36% le risque d’addiction chez les personnes qui en sont porteuses.

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