Schizophrénie : l’abus de langage par les médias aggrave la stigmatisation

, par  Véronique R. , popularité : 3%

La schizophrénie mal traité par les médias aggrave la stigmatisation populaire !

En décembre, l’association PromesseS a dévoilé les résultats de la première étude sur la représentation de cette maladie dans les médias. Sur 1,3 million d’articles de la presse écrite publiés sur une année, le terme "schizophrénie" était présent dans 2038 articles, mais seulement 1% étaient vraiment dédiés à la maladie. Les 99% restants y faisaient référence sur un mode caricatural.

Ce constat confirme une étude de 2009 qui situait la France parmi les pays les plus stigmatisant, très loin derrière ses voisins européens.


Diverses études internationales démontrent que le discours de la presse suscite une stigmatisation de la maladie capable d’influencer les politiques de santé et les soutiens privés. Les médias tendent par ailleurs à la banaliser en lui attribuant un sens métaphorique, contribuant ainsi à une incompréhension.

Elle est souvent confondue avec un dédoublement de la personnalité

© Flickr CC-by-nc-nd

Le supplément Science médecine du Monde (20 janvier 2016), évoque une étude présentée par le psychiatre Yann Hodé. La recherche porte sur l’analyse pendant quatre ans de grands titres de la presse française, quotidienne et hebdomadaire.
La notion de « schizophrénie » se retrouve dans quelque deux mille articles. Elle est retenue dans son sens médical dans 44% seulement des cas. Et encore, l’est-elle moins souvent dans un contexte médico-social, scientifique ou judiciaire que dans les rubriques culturelles, à propos de films ou de livres. Cette inclination serait, précise l’article, « une spécificité française ».

A cela s’ajoute, dans la majorité des articles sous observation, la propension à user, et surtout abuser de la notion de schizophrénie en lui réservant un sens métaphorique. Sans qu’elle soit réellement définie, souvent confondue avec un dédoublement de la personnalité, elle est appliquée sans discernement.
« Complètement schizo » devient une figure de style pour qualifier une personnalité publique ou sa politique, là où il serait plus judicieux de parler de contradiction, d’hésitation ou d’inconstance. François Hollande apparaîtrait ainsi comme une figure de proue. Le Monde lui-même serait sur ce chapitre « assez emblématique ».

Pour un vrai changement de vocabulaire

Ce travail, des associations s’y penchent depuis un bon moment. Ainsi, le Psycom, dirigé par Aude Caria, développe depuis sa création des plans de lutte contre la stigmatisation. Sensibiliser aux idées reçues, mettre le public face aux réalités... "Nous intervenons dans les lycées, les entreprises, auprès d’élus", explique Aude Caria. "On travaille avec une ligne d’écoute pour les jeunes, sur laquelle ils se connectent simultanément pour discuter d’un sujet. Nous leur expliquons, entre autres, que la schizophrénie n’est pas un dédoublement de la personnalité."

Le tabou ne doit plus se placer sur le diagnostic ou la qualification d’une personne malade, mais sur l’usage des mots comme "schizo" ou autre. "Il faut prendre conscience de l’impact de l’emploi dans le langage courant de ces termes devenus insultants", insiste-t-elle. "La langue française est assez riche pour avoir recours à des synonymes qui ne stigmatisent ou ne blessent pas les personnes qui ont reçu des diagnostics de troubles mentaux. Point à la ligne."

Cela est aussi valable pour tous les médias. Ceux-ci doivent prendre conscience de l’importance de l’impact idéologique et conceptuel qu’ils ont de la schizophrénie sur la population. Le terme "schizophrénie" ne doit pas être usité ne façon inapproprié et doit être redéfinis, remis dans son contexte, à chaque utilisation !

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