Démystifications de la folie dans son contexte social

, par  Ptikouik , popularité : 3%

Démystifications de la folie dans son contexte social

Pour parler sans détour, traitons de ce que la société occidentale appelle un "fou", un malade mental, un "psychopathologisé", pour utiliser un néologisme qui m’est cher.

Dans un premier temps, par simplification de langage, par rapport à ce qu’on appellerait le citoyen "moyen" occidental, quand on parle de maladies mentales, on est tenté d’orienter d’emblée notre pensée vers le domaine de la psychiatrie, et la psychologie.

Au passage, l’ignorance de ce qu’est la folie dans l’esprit des personnes dites ancrées dans la normalité sociétale et des personnes en souffrance psychique est souvent un des vecteurs les plus important dans les malentendus relationnels, et générateur potentiel des psychoses et névroses.

Ces domaines thérapeutiques étant plus qu’excellent pour soigner et traiter les troubles associés aux pathologies et souffrances qu’éprouvent le souffrant (c’est le point positif et leur utilité), pose comme problème que pour énoncer d’emblée l’une des finalités perceptible, et donc leur première limite, est que la psychiatrie ne voit la folie qu’à travers le prisme médical d’analyses de ce qui est perçu comme des troubles à éliminer (autrement dit des problèmes dans le psychisme de la personne, synonymes de perturbations, ou limitations qui gênent ou desservent son bien être, son fonctionnement, son autonomie, entrave la liberté), ayant des répercussions inévitables sur les autres, et donc préjudiciable à la prétendue bonne marche de la société dans les interactions interpersonnelles.

Autrement dit, l’handicapé mental ne serait qu’un triste sire, avec qui il faut certes compatir, mais qui n’est pas fonctionnel ni opérationnel pour l’évolution et la participation à la construction de la société, et donc n’est... qu’un inadapté...

C’est à dire, si l’on s’en tient à cette vision des choses, qu’il n’a aucun rôle, ou fonction à jouer ou à remplir, du moins à titre officiel dans la liste des métiers et professions reconnues Étatiquement.

Une première façon de s’extraire de cette conception des choses très négative, voire à la limite du nihilisme pour la personne concernée, car ayant tendance à renier son existence et sa place au sein de la société constituée, consiste à se tourner vers un autre domaine, qui reste proche de la psychiatrie, l’ethnopsychiatrie [1]

Ce domaine se détache de l’aspect clinique et purement thérapeutique et curatif pour y mêler des notions d’ordres sociologique et culturel.

Chez les chamans, si l’aigle est votre animal guérisseur alors vous êtes connecté à un pouvoir supérieur.

On y apprend, pour ne donner qu’un exemple parmi d’autre mais éloquent et explicite, que ce que la psychiatrie occidentale dénomme à propos de certaines personnes comme étant un schizophrène, est appelé dans d’autres pays et cultures un chaman, un sorcier, un magicien [2].

La schizophrénie (normalement on devrait dire "les schizophrénies" pour être plus juste et exact, car il en existe plusieurs formes différentes) est un mot inventé par la psychiatrie pour désigner ce qui est, après avoir dépassé le stade de la conception de simples "troubles" ou désordres de la pensée et de la psyché, rien d’autre que des facultés psychiques plus ou moins poussées (en intensité), mais qui ne sont ni maîtrisées par la personne, ni même étant perçues comme telles, car souvent le patient, étant plongé soit dans l’inconscience, soit ignorant de sa propre condition et état général, voire les deux à la fois, ne peut supposer ou imaginer que, pour poser une première conclusion, les psychopathologies contiennent en réalité des aspects positifs, voire parfois enviables.

Il suffit de voir ce qu’est le discours du pathos en rhétorique pour commencer à comprendre ce qu’on peut faire dans une optique délibérée [3], bien qu’en ce qui concerne les malades mentaux, ce genre de discours est énoncé ou vécu de façon subite et non intentionnellement pour obtenir quelque chose dans un but manipulatoire. La contrepartie immédiate est bien sur la souffrance, la régression, et le malheur.

Parmi ces dernières on peut citer, dans une optique relationnelle, le rejet de l’autre, de ses semblables (thèse du bouc émissaire [4]
), la perte d’énergie, ou bien les perturbations mentales induites par l’exercice et la pratique de ses facultés psychiques, toujours mis en œuvre de façon involontaire et inconsciente pour "celui qui ne sait pas".

Dans la magie, qui est laissée à la libre croyance de chacun, le recours à des états modifiés de conscience (EMC en abréviation [5]
) nécessite normalement un état stabilisé intérieurement, ainsi qu’une étude théorique préalable.
Sinon, les dons du malade mental peuvent consister dans une moindre mesure à des formes d’empathie, ou de perceptions accrues de la réalité, voire de plusieurs dimensions de façon simultanée.

Et c’est ce genre d’exercice de facultés engendrées qui fait souffrir le "fou", souvent depuis la tendre enfance, de façon totalement méconnue, ou anarchique, inattendue, souvent soudaine, violente, pour lui comme pour les autres, ou involontairement, car, pour faire simple, il ne comprend rien à ce qui lui arrive, pouvant subir par exemple la dépersonnalisation ou la déréalisation.

Cette vision des choses se rapproche du fatalisme, comme si le souffrant n’était que le jouet du destin, des puissances supérieures surnaturelles, pour ceux qui sont croyant, étant manipulé comme un pantin par les Déités qui lui imposeraient les souffrances, qui peuvent être interprétées (mais seulement en apparence) comme une forme de sadisme de leur part.
Un sadisme de ce qui est interprété au départ comme une forme d’injustice épouvantable et incompréhensible de la part des puissances supérieures surnaturelles vis à vis des ces maux infligés.

C’est en tout cas comme cela que sont perçus les troubles du souffrant dès qu’il retrouve un peu de lucidité, et qu’il soit plus ou moins croyant en la spiritualité.

En réalité, on peut signifier une thèse défendable qu’un passé traumatique ou aliénant (ou autres qui impliquent une forme d’altération des facultés mentales) pouvait être aussi vu comme une sorte de "formation" accélérée pour acquérir les facultés psy ou parapsychiques plus vite qu’une personne dite "normale", qui elle devrait passer par des études théoriques préalables, et un apprentissage de ses facultés et talents psychiques.

Par exemple, une personne ayant vécue l’oppression intense, un martyre, sous forme de drame familial (thèse des familles schizophrénogènes [6] et [7]), ou n’importe quelle forme de traumatisme, développe des mécanismes de défense intellectuels et psychiques important, dans une optique de survie. Ces mécanismes peuvent entrer en jeu dans la scission de l’esprit. A force de craindre pour chaque acte ou parole énoncée, d’abord par sa famille proche puis par extension par autrui, il va entamer un calcul (ou un réflexe) de remise en cause des assertions par la contradiction systématique, au lieu de passer outre en cherchant à avancer.

Le conflit généré consiste à être partagé paradoxalement entre le désir de se défendre contre l’oppresseur en lui imposant un avis contradictoire (c’est souvent le premier qui se présente à son esprit, mu par l’impossibilité de mieux raisonner), et le sentiment de nécessité d’y renoncer pour ne pas envenimer le conflit, en craignant pour sa vie s’il réveillait un courroux, en anticipant la réaction d’autrui.

Ce conflit est souvent construit pendant l’enfance, du fait d’une prédisposition à une certaine fragilité psychologique, puis devient le mode de pensée normal du souffrant, jusqu’à l’aliénation mentale.

Par exemple, toujours dans la schizophrénie, le souffrant serait celui qui est incapable de construire, d’avancer dans le raisonnement (de même pour les actions, ce qui fait croire à l’incapacité motrice parfois, alors que cela peut être uniquement psychique), et donc remet en cause chaque assertion ou proposition à chaque instant, ce qui pourrait être comparable à l’une des techniques de l’introspection en psychanalyse, par la remise en doute des croyances ou convictions du sondé. Le but n’est donc plus d’avancer dans le sens d’une construction, d’un projet, mais de tenter d’œuvrer involontairement et inconsciemment pour l’évolution de l’autre (développement personnel ou résolution des conflits).

Cette confusion entre le but du dit normal et du dit fou est une illustration des perturbations relationnelles à l’origine des conflits ou des phénomènes de rejets. Discours type du dit normal : "Qui est il, lui, pour me mettre en doute, alors que mon but est de construire ?". Le schizophrène met en cause l’intégrité et / ou la vertu du « normal » sans demande préalable de sa part, possédé par ses troubles comportementaux, et donc la méconnaissance des codes sociaux communs, qui auraient exigés au minimum un cadre de départ pour fixer les intentions de chacun.

C’est un peu comme si le "fou" voulait entreprendre une "psychanalyse sauvage" (sans cadre ni règles préétablis), que celui-ci soit en mesure de parler ou non. C’est l’intention qui compte dans ces cas là, car génératrice de passions (dans le sens du pathos).

Seulement, la plupart des gens ignorent le concept d’introspection, ou même de la conscience du "fou" à pouvoir s’imaginer vouloir en faire avec ses semblables, et ces premiers interprètent les tentatives de développement personnel (ou de résolution des conflits) par le souffrant comme des délires, des incohérences, ou bien encore des discours bizarres ou hors-sujets, n’y accordant pas ou peu d’attention.

A l’opposé, d’autres personnes ayant eut une enfance ou un passé sans histoire difficile, peuvent aussi vivre des phénomènes à caractères psychiques ou surnaturels, mais le choc des confrontations cosmiques mythologiques [8] est néanmoins suffisant pour engendrer la psychose, et les formes d’angoisses associées.

Ces derniers auront une attitude potentiellement plus pacifique, mais leur fonction restent du même ordre d’idée, ses perceptions engendrant toujours une souffrance, et un comportement souvent inapproprié.

Pour tenter de donner un exemple concret, le fait de savoir ce que ressent son interlocuteur comme conflit intérieur profond ou comme passion, dans le cas de la perception de l’empathie, mais qu’il n’ose pas révéler, est générateur d’angoisse et de blocage relationnel. Il sera tiraillé paradoxalement entre son désir de lui révéler son conflit dans un souhait de résoudre celui-ci pour lui apporter un soulagement, et feindre l’ignorance par peur de mal s’y prendre et de générer encore plus de souffrance chez l’autre. Cette deuxième option étant également insupportable, car il souhaite aider l’autre, et le manque de sincérité pouvant lui aussi générer de l’angoisse.

Une autre raison source du tiraillement à caractère paradoxale et donc, schizophrénogène, consiste à ne pas vouloir révéler à l’autre ce qui n’est pas censé le concerner, mais de vouloir le faire quand même, faisant passer la recherche des résolutions des conflits des autres comme priorité pour leur bien être au détriment des souhaits de son interlocuteur. Ce dernier ne voulant très souvent pas parler de ses problèmes avec une personne qui ne semble pas fiable du tout (aucun cadre officiel ou légal, parfait inconnu, ou membre de la famille catalogué comme inapte pour troubles mentaux).

Pourtant, le "fou", dans son altruisme issu de la gentillesse de son amour du prochain (à l’opposé du profil du psychopathe), aimerait pouvoir soigner tout le monde, autant qu’il aurait aimé qu’on puisse le soigner lui même avant que ses troubles ne dégénèrent, ce dernier point l’incitant à le faire sans avoir présent à l’esprit les cadres d’exercices thérapeutiques légaux (cabinet d’un psy, cliniques, centres thérapeutiques, etc). Et surtout, le fou "oublie" (ou se moque) de savoir qu’il est de "l’autre côté de la barrière", c’est à dire que c’est lui qui est considéré comme nécessitant de l’aide.

Ainsi, un "fou" serait donc, pour poser une première conclusion, une personne ayant des facultés psychiques ou parapsychiques plus ou moins importantes (empathie, mediummité, chamanisme, etc), qui d’une part ignorerait ce qu’il fait (inconscience, dépersonnalisation ou autres troubles), et d’autre part ne maîtriserait pas bien, ou seulement en partie ses facultés, ou devant composer contre son gré.

Dans notre société, le "fou" non stabilisé en phase de symptômes positifs (agitation, passage à l’acte) est donc celui qui a pour rôle de faire entrevoir le chaos, le mal, l’instabilité, le doute, l’incertitude, pour résumer tout ce qui est négatif, et l’éventuelle dangerosité du fait de ne pas vouloir suivre les règles et codes établis qui vont dans le sens de la construction sociétale et morale.

La psychanalyse jungienne proposerait elle qu’elle fait entrevoir la part d’ombre en chacun de nous ?

Lorsque le "fou" va se mettre en œuvre, révéler et exhiber sa folie devant les autres, la vision de son comportement inapproprié et / ou déviant (et plus il l’est plus l’impact est important), va faire se projeter l’esprit d’autrui dans les premiers stades de l’hallucination (dans le sens d’une vive surprise mêlée de doute), voire lui faire peur, et donc l’inciter par retour introjectif à vite remédier à sa propre folie / inconscience, en réintégrant le plus vite possible les règles et comportements correspondant à la fois à ses intérêts moraux (préserver son intégrité et son image de respectabilité, ainsi que son propre équilibre intérieur), et les règles de la construction sociétale (lois, mœurs, règles, construction, bon sens, stabilité, etc).

En ce sens, le fou aurait donc un rôle de stabilisation et de retour à la normale du cours des choses, sans que les normaux n’aient eut le temps de s’en rendre compte, accordant plus d’importance au retour de leur propre intégrité qu’à l’analyse de l’action induite par ledit fou au moment des faits.

A l’inverse, le "fou" en phase de symptômes négatifs va permettre de mesurer ce que lui inspire l’autre, et voir sa réaction. Ça peut être inspirer de la compassion, de la miséricorde, pour les personnes dignes, ou susciter l’indifférence ou le mépris pour ceux qui ne sont pas dignes.

La conséquence étant le jugement sur la pureté ou l’impureté des sentiments, même si ces derniers ne sont plus ou peu pris en considération dans nos sociétés modernes, du fait de la banalisation des SDF ou des mendiants.


Extension à caractère spirituel

On peut se poser la question de savoir si les limitations de la perception du "fou" (son inconscience) serait une façon, un moyen trouvé, employé par les Déités pour empêcher de dévoiler ou révéler au patient ainsi qu’à l’humanité la vérité sur la fonction, et les conséquences des facultés psychiques à visées surnaturelles.

Pour moi, la réponse est pour l’instant : oui.

Car appartenant aux arcanes dites du "firewall terrestre" [9] , sorte de mécanisme céleste, véritable pare feu de l’inconscient collectif, qui a pour fonction de cacher aux yeux des hommes certaines réalités surnaturelles qui nous gouvernent, nommées génériquement sous le terme de destinée par les croyants, ou inconscience par les psychanalystes.

Merci de m’avoir lu.

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